«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

mardi 22 décembre 2009

La vitesse c'est la durée, la durée c'est du temps et le temps c'est Dieu.


Mahler symphonie n°2.


Orchestre symphonique de Chicago; Miah Phersson, soprano; Christianne Stotijn, mezzo et Bernard Haitink chef d'orchestre.


CSO-RESOUND CSOR 901916.



Quand le public applaudit après l'exécution d'une oeuvre, est-ce qu'il applaudit l'oeuvre, la version de cette oeuvre qu'il vient d'écouter ou les musiciens qui ont fait de cette exécution une soirée qui restera à jamais gravée dans la mémoire collective.
Pour clarifier la réception de ces applaudissement, lors d'une soirée après le dernier mouvement de la 5è symphonie de Mahler, le chef d'orchestre Bernard Haitink, souleva la partition qu'il venait de traduire, pour écouter un autre type de musique. En fait il voulait éprouver l'émotion de voir comme tout le théâtre Colon de Buenos Aires applaudissait, sifflait et criait pour remercier Mahler de son chef d'oeuvre.
Pour l'enregistrement qui nous occupe dans cette chronique, on retrouve le même chef, mais presque 20 ans plus tard et avec une toute autre orchestre.
Est-ce que la 2è symphonie de Mahler est un chef d'oeuvre? Si on la compare à tout ce qui a été écrit après, je croirais que oui.


Totenfeier.


La mort dans l'oeuvre mahleriènne, est omniprésente. Elle occupe une grande partie de la structure de la symphonie, mais surtout, elle donne une raison d'être à son discours. Chez Mahler, la mort est toujours un point de départ, parfois pour nous mener à un aboutissement en forme de résurrection.


Laendler.


Il y a chez Mahler un côté folklorique viennois. Pour lui ce n'est pas les grandes valses des cours européennes, mais ces petites danses campagnardes à saveurs populaires.

Lied Saint Antoine de Padoue prêche aux poissons.


Là se trouve l'essence du discours mahlerien. Voix et accompagnement, parfois chanté parfois non, c'est ce qui structure sa pensée, mais également sa réserve d'inspiration. C'est une espèce de base qui l'attache à l'amour, un refuge où revenir après des voyages tourmentés.


Ulricht.


La rose entre deux abîmes. La plaque tournante de la symphonie, toute la tension qui se concentre pour l'explosion finale. C'est son Dieu qui parle.


Résurrection.


L'orchestre nous prépare à un finale comme on a rarement écouté jusqu'alors. Il va mourir pour vivre. En effet il s'immole.

Le défit de toute tâche mahleriènne, c'est de pouvoir maintenir l'équilibre, ce qui est très difficile à obtenir, puisque le discours du compositeur nous propose des messages, très messianiques tout en restant un discours d'ordre névrotique.
C'est ce qui donne la force à cette version de Haitink. Comment arrive-t-il à faire cela?
En travaillent sur la vitesse des morceaux, en donnant la sensation, que l'angoisse, l'amour, la mort et la vie, ainsi que tous les états d'âmes, peuvent se contrôler à partir d'une gradation du temps. La vraie clef de l'oeuvre se trouve dans la vitesse du discours. La vitesse c'est la durée, la durée c'est le temps, et le temps c'est Dieu.

mercredi 2 décembre 2009

Liszt ou le pèlerinage d'un artiste.



Franz Liszt
Annés de Pèlerinage I
Sonate pour piano en si mineur.
Michael Korstick
CPO 777478-2


S'aventurer dans l'œuvre de Liszt n'est pas chose facile à faire. Ses œuvres posent toujours le même problème, jusqu'où la vision de l'artiste interprète devra arriver?
Car le compositeur lui même s'est posé la question il y a en peut plus de 150 ans. La formule « il faut laisser les œuvres parler par elles mêmes » peut être valable pour beaucoup de musiciens, come Haydn ou Mendelssohn. Mais est-ce le cas pour celles de Liszt? Je ne pense pas que Liszt lui même fut d'accord avec cette théorie.


Il faut comprendre que ce type de compositeur appartient a une classe à part dans le monde de la musique. Il pourrait facilement se ranger avec Monteverdi, Beethoven, Debussy et Ligeti.
Ce sont des musiciens de transformation, de passage, de quête et de conquête d'espaces nouveaux différents et évidement plus modernes.


Le cas de Liszt est paradoxal. Son devoir fut de nous transporter de la Hamerklavier de Beethoven jusqu'aux dernières de ses pièces pour piano tout à fait a-tonales. Mais nécessairement il fallait passer par les années de pèlerinages, et surtout par sa sonate pour piano.


En quoi la contribution de Liszt a été si importante pour la musique? Et bien, derrière le masque d'interprète génial, reconnu et adoré par tous ses contemporains, se cache un compositeur intelligent et de premier ordre. Et simplement pour souligner cela, je pourrais dire qu'avec les années de pèlerinages, Liszt a ouvert la voie au deux courants majeurs de la fin du XIX et début du XX siècle dans l'évolution de la musique classique.


D'un côté c'est lui qui a mis au point toute l'esthétique harmonique que Wagner va adopter, mais c'est aussi avec ce cycle de pièces pour piano, que l'impressionisme de Debussy et de Ravel vont trouver leur source. Cela veut dire que, comme Beethoven, le compositeur et l'artiste vont surpasser leur époque et vont aussi élargir la tonalité jusqu'aux dernières limites.

L'interprétation de Michael Korstick, est tout à fait en concordance avec l'idée que l'artiste a aussi un rôle plus qu'important a jouer. Il est le seul responsable de faire passer le message écrit par le compositeur. En réalité c'est même plus important! Car à différence des autres arts, la musique a toujours besoin de quelqu'un pour la jouer. Cette dépendance entre l'œuvre et l'artiste en fait sa force et sa faiblesse.

Les sommets de l'interprétations qu'on peut écouter dans ce disque ne sont pas négligeables, ce qui permet de le placer au côté des grandes versions d'un Arrau, Berman ou même Horowitz.
Même on pourrait penser que dans la sonate pour piano, Korstick tient le rôle de Charon dans un voyage métaphysique que tout âme doit faire pour arriver au stade dit « supérieur ».
Evidement que tout cela est très subjectif, et difficile à prouver, mais une telle approche artistique serait impossible à faire, si on a pas un artiste qui contrôle tous ses moyens techniques en les mettant au service d'une partition.

Cpo 777478-2

Philippe Adelfang

Twin Spirits: un portrait de l'amour entre Robert et Clara Schumann

Trudie Styler (dans le rôle de Clara Schumann)
Sting (dans le rôle de Robert Schumann)
Derek Jacobi (narrateur)
Rebecca Evans, soprano
Simon Keenlyside, baryton
Sergej Krylov, violon
Natalie Clein, violoncelle
Natasha Paremski, piano
Iain Burnside, piano
John Caird, conception et mis en scène
Opus Arte OA 0994 (2 DVD)
Narration en anglais avec sous-titres en français, allemand, espagnol et italien

Le Royal Opera House a été le lieu d'une mise en scène tout à fait originale et pertinente. Deux groupes, un masculin, l'autre féminin, et un narrateur rendent hommage à l'un des couples mythiques du romantisme musical: Robert et Clara Schumann. On y raconte, par un récit bien ficelé et des extraits de lettres et de leur journal de mariage, les hauts et les bas de leur tumultueuse relation: leur liaison secrète, leur combat pour pouvoir se marier, leur vie de couple, de famille et d'artistes, les épreuves causées par la maladie de Robert, et, non des moindres, la fidélité de Clara après la mort de son mari.
Dans le clan de Robert, il y a Sting, accompagné du baryton, du violoniste et d'un pianiste, qui lit des passages de lettres qu'il avait adressées à Clara. De l'autre côté de la scène, il y a l'actrice Trudie Styler, côtoyée de la soprano, de la violoncelliste et de la pianiste, qui cite les lettres que Clara avait adressées à Robert. Cet échange de correspondance est parsemé de lieder et de pièces pour piano, surtout de Robert, soit des oeuvres tirées du Carnaval op.9, des Kinderszenen op.15, des cycles de lieder Dichterliebe op. 48 et Zwölf Gedichte, op. 35, une des trois Romances de l'opus 94. Mais nous avons droit à quelques belles surpises telles que deux superbes lieder de Clara Es ist gekommen in Sturm und Regen op.12 no. 2 et Sie liebten sich beide op. 13 no. 2 et une romance tirée de son concerto pour piano op. 7.
On entend aussi l'adagio des variations de Chopin sur le duo célèbre de l'opéra Don Giovanni de Mozart, La ci darem la mano. Et un peu plus loin, le duo lui-même avec piano. On y apprend que les variations de Chopin faisaient partie d'une "proposition mystique" imaginée par Robert, un moyen aux deux âmes séparées de se retrouver par la pensée durant l'interdiction du père de Clara suite à la demande en mariage. Le drame se termine dans une fougueuse apothéose du mouvement final (Mit Feuer - avec feu) du Trio no. 1 en ré mineur.
Tous les musiciens donnent une prestation fort réussie quoique je déplore un peu chez la pianiste et la violoncelliste certains effets de pose pour la caméra que l'on pourrait excuser comme erreurs de jeunesse. Bien sûr, rien au disque n'y paraîtrait et leur talent n'en serait point diminué.
Le passage le plus émouvant fut la lecture d'une lettre de Clara aux derniers jours de Robert. Les larmes nous viennent aux yeux en même temps que l'actrice. Dans le deuxième DVD, on apprend pourquoi: elle-même épouse de Sting, elle a projeté le sentiment de Clara sur sa personne; on ne peut la blâmer de cette sincérité.
Le deuxième DVD comporte cinq parties. La première consiste en une galerie de photos des artistes lors des répétitions; j'aurais apprécié que l'on ajoute des images de Robert et Clara. La deuxième partie se subdivise en quatre entrevues: instrumentistes; chanteurs et narrateur; acteurs; et le musicologue Daniel Gallagher. J'ai beaucoup aimé le commentaire perspicace du violoniste sur la densité de l'écriture de Robert Schumann. La troisième partie, nettement la plus instructive, nous vient du conservateur du musée Schumann à Zwickau. Il nous informe de manière éclairante sur plusieurs aspects de la vie des Schumann. La quatrième partie est une chronologie avec des couleurs permettant d'identifier ce qui appartient à Robert ou à Clara ainsi que certains événements indépendants d'eux. La typographie aurait dû être améliorée pour faciliter la lecture. La cinquième partie fait la promotion des projets éducatifs et communautaires associés au Royal Opera House grâce à trois témoignages sympathiques et dont devraient s'inspirer nos gouvernements.
En somme, cette production rend justice à une dramatisation qui pourrait aisément servir de modèle dans la conaissance approfondie que nous apportent des sources directes telles les correspondances et les journaux intimes des grands artistes. Et ce ne sont pas les sujets qui manquent.
Guy Sauvé

mercredi 30 septembre 2009

Johann Wilhelm Wilms


Johann Wilhelm Wilms (1772-1847)

Symphonie no. 1, op. 9 en Do majeur
Ouverture en ré majeur
Symphonie no. 4, op. 23 en Do mineur

NDR Radiophilharmonie Hannover
Howard Griffiths
CPO 777209-2
********************************
D’entrée de jeu, une belle surprise nous attend dans cet enregistrement. Wilms est un de ces nombreux compositeurs dont la figure titanesque de Beethoven a éclipsé la réputation. J’en veux pour preuve les deux paragraphes d’une tiédeur toute factuelle que nous présente l’article du Grove Music Online. C’est grâce à Wikipedia que j’apprenais qu’un site web lui était consacré par l’Internationale Johann Wilhelm Wilms Gesellschaft (http://www.ijwwg.de/Germany/portrait.htm). À ma grande surprise, on recense pas moins de dix-sept cds pour sa discographie dont six qui lui sont entièrement dédiés, l’un d’eux étant celui qui nous occupe dans la présente chronique.

Mais on doit se tourner vers le livret du disque pour apprendre beaucoup plus que ce que nous offrent les contenus électroniques au sujet d’un compositeur qui, au-delà des influences qu’on voudra bien lui trouver, démontre une habileté et une personnalité incontestable. C’est presque un choc que de s’apercevoir, qu’en dehors de Beethoven et Schubert, qu’en dehors de l’Allemagne, de Vienne et de la France, il existe d’autres talents à cheval entre classicisme et romantisme qui méritent notre attention. Bien que né en Allemagne, Wilms se rendit à Amsterdam avant la vingtaine pour y devenir l’un des principaux compositeurs des Pays-Bas de la première moitié du 19ème siècle.

Les deux symphonies auraient été écrites dans un intervalle très rapproché. Ainsi, la création de l’opus 9 a eu lieu en janvier 1806 et celle de l’opus 23 fin 1807. Mais quelle différence déjà dans l’évolution dramatique du discours. Alors que la première rappelle plusieurs fois, sans toutefois en amoindrir ses qualités distinctes, la comparaison à la période londonienne de Haydn, la suivante nous amène au seuil du pathos digne de l’Eroica de Beethoven. Dans les deux cas, on appréciera particulièrement la verve exquise des thèmes, la vigueur rythmique, la cohérence formelle, l’écriture finement ciselée de certains passages que les amateurs de bois savoureront avec plaisir. Quant à l’ouverture, elle vaut bien plus que les insipides compléments de programme qu’on a vite fait d’oublier après un premier contact. Le thème de l’Allegro est autant agréable que mémorable et l’œuvre conserve un entrain avec lequel il fait bon de renouer.

Il est heureux que CPO ait confié à des musiciens aussi remarquables ce superbe coup d’envoi à la réhabilitation d’un compositeur tout à fait original et charmant. Je me dois de souligner l’interprétation dynamique, et l’attention portée aux délectables nuances. Une belle démonstation de l’enthousiasme qui transcende la conviction. C’est donc avec grande hâte que je souhaite découvrir les cinq autres symphonies.
CPO 777209-2
Guy Sauvé

samedi 19 septembre 2009

Le vrai chemin dans l'art, c'est la recherche du beau. Hélas toujours le beau!

Un jour je vois un homme apparaître devant une salle comble. Il était tellement plié sur lui-même, que tout de suite je me suis dit: arrivera-t-il au bout du programme? Alors, après l'obscurité de rigueur à toute salle de concert, et dès que les premières notes de Mozart sonnèrent, le miracle fut. L'homme qui était tordu à ce moment, commença lentement à se redresser. On aurait dit que la musique tenait lieu des piqûres de cortisone dans sa colonne. Après l'exposition d'un premier mouvement d'une sérénade de Mozart, plus de vestige de sa douleur, de sa souffrance, un homo erectus comme moi!

Cet homme était Sandor Végh.

Pour le mois d'octobre Phoenix nous propose un double cd avec les symphonies de Schubert, la 5è, 6è, 8è et 9è plus connu sous son nom de La Grande. Il s'agit en fait d'un enregistrement de Capriccio, que Phoenix reprend pour le commercialiser à bon prix.

Quelle occasion pour découvrir l'art de cet immense artiste, si on ne le connaît pas déjà.

C'est quoi la différence entre cette version et les autres? Et bien simplement vous aller être en mesure d'écouter comment un musicien de talent, arrive à imprimer à chaque phrase l'idée du beau. Ne laissant jamais échapper aucun détail. En faisant chanter l'orchestre jusqu'à la dernière note. Peut importe s'il s'agit de la mélodie principale, ou d'un accompagnement. Tout chez Végh a un seul objectif, la quête du beau.

Quant à la 8è et 9è c'est autre chose, ce sont des chez d'oeuvres, des coups de génies. La 8è par son intensité, évidement c'est Schubert qui parle, mais Beethoven a rédigé le discours.
La 9è, c'est l'envers c'est la symphonie que Beethoven aurait du orchestrer, si sa surdité ne l'avait tellement affecté. Tout le romantisme Allemand est là. Je dirait que c'est d'ici que commence le chemin symphonique qui nous mènera à Mahler. Dommage qu'après celle-ci, Schubert mourrait. Il aurait sûrement encore des choses à dire dans ce domaine.

Un petit coffret à ne pas rater, comme un petit diamant qu'on rencontre dans un coin de rue.


Phoenix PE437

Philippe Adelfang


vendredi 18 septembre 2009

Callas assoluta ou le personage qui fait d'une artiste.

Voici un documentaire de Philippe Kohly présenté chez Arthaus Musik, ou l'on peut parcourir la vie de la diva, peut-être la dernière d'une riche lignée, qui a commencé dès le 19è siècle.

Le documentaire raconte les débuts en Grèce, le lien avec sa mère, le fait qu'elle ait chanté pour les nazis pour survivre à la guerre. Puis un voyage aux Met, où elle est rejetée. De retour en Europe, elle s'installe en Italie, où elle commence sa vraie carrière, qu'elle façonne avec une patience, et une ténacité de fer, calculant tous ses mouvements pour y arriver. Et elle le fera, jusqu' à être la reine de la Scala, après que la Tebaldi lui aura laissé la place. Comment a-t-elle fait? D'abord avec une discipline de fer, elle répétait sans cesse, jusqu'à l'épuisement des artistes dont elle partageait le travail, mais aussi en s'entourant de grands artistes tels que Cocteau, Tulio Serafin, Karajan, Bernstein, etc..

Comme une icône de la renaissance, déesse grecque de l'antiquité, elle arrive au moment où le passage au mythe se fait d'une manière naturelle, sans obstacles, mais qui marquera son destin jusqu'aux ses derniers jours. On connaîtra ses hommes, ses amants et les autres, ses amours et les moyens qui justifient la fin. Rien dans la vie de Callas n'est dû au hasard, on dirait que tout a été calculé pour un seul objectif: le chant. Le sacrifice y compris. C'est pour cela que son rôle fétiche fut Norma, la prêtresse gauloise qui aime les romains. Elle savait bien ce qu'elle chantait.

Documentaire à ne pas rater, pour les inconditionnels et les autres, comme moi, qui verseront quelques larmes transformés en mots, plus utiles pour cette chronique.

Callas assoluta
Arthaus Musik 101475

Philippe Adelfang.

mercredi 9 septembre 2009

Ferdinand Ries, concerto pour 2 cors et autres oeuvres.



Ferdinand Ries (1784-1838)
CPO 777 353-2
Ouverture « Die Räuberbraut », op. 156;
Concerto pour 2 cors WoO 19;
Ouverture « Liska oder Die Hexe von Gyllensteen », op. 164;
Concerto pour violon, op. 24

Teunis van der Zwart, cor
Erwin Wieringa, cor
Anton Steck, violon
Die Kölner Akademie
Michael Alexander Willens

Ferdinand Ries est surtout connu comme élève de Beethoven et un de ses premiers biographes. On sait moins cependant qu’il était l’aîné de Franz Anton Ries, premier violon de la chapelle de la cour de Bonn ayant enseigné à Beethoven. Malgré les turpitudes causées par les guerres napoléoniennes, Ferdinand Ries est tout de même parvenu à faire une belle carrière, surtout à Londres après quatre ans de tournées parcourant l’Allemagne, le Danemark, la Russie et la Suède où il a été nommé membre de l’Académie royale de musique.
Le catalogue de ses œuvres offre de nombreuses perspectives de projets d’enregistrements puisqu’on peut choisir, entre autres, les huit symphonies et autant de concertos pour piano, vingt-six quatuors à cordes, quatorze sonates, quinze fantaisies et quarante-neuf suites de variations pour piano seul, six trios avec piano sans compter plusieurs pièces vocales et de musique de chambre.
Passons vite sur les deux ouvertures d’opéras composés dans la dernière décennie de son existence. Ce sont de jolis compléments de programme dont on ne doit pas bouder le plaisir (puisque l’orchestre les interprète avec brio) mais qui demeurent des pièces conventionnelles attirant davantage un auditoire restreint de spécialistes.
Par contre, les deux concertos valent le détour car, quoiqu’écrits avant la trentaine et à quelques mois d’intervalles, ils nous révèlent un compositeur talentueux pourvu d’esprit, de charme et de bonnes idées musicales.
Le Concerto pour violon (1810) est une œuvre en trois mouvements de bonne facture, bien développée, et comportant des tournures harmoniques très personnelles. Sans atteindre le souffle de celui composé par Beethoven quatre ans auparavant, cette œuvre est dans son ensemble fort agréable à écouter, notamment le troisième mouvement dynamique qui comprend un thème de rondo mémorable et une variété de textures dans les épisodes orchestraux fort bienvenue. C’est là que le soliste se rachète des problèmes de justesse qui parsèment certains passages dans les mouvements précédents et où il démontre sa capacité de maîtriser des passages virtuoses.
Quant au Concerto pour deux cors, on peut se demander de prime abord, après une première écoute et sans avoir lu le texte de présentation, si l’emploi de deux cors solistes ne paraît pas superflu à certains moments. Il faut savoir que Ries, comme le suggère l’auteur du livret du cd, « considérait sans doute l’œuvre comme une pièce de circonstance dédiée aux deux excellents cornistes de la chapelle de la cour de Kassel » et de ce fait n’a pas jugé bon de lui attribuer un numéro d’opus, ni de chercher à le faire éditer. Une fois cette réserve exprimée, ce concerto mérite l’attention des auditeurs. Personnellement, j’apprécie le renfort d’un deuxième soliste qui donne plus de corps en contrepartie du volume de l’orchestre. Ries n’hésite pas à exploiter le registre très grave des instruments et à pousser loin les limites de la virtuosité à plus forte raison de l’usage
du cor naturel. On comprend alors l’obligation pour les solistes de ralentir le tempo pour favoriser une meilleure articulation des traits périlleux et on regrette certaines accélérations de l’orchestre qui rendent inégal le déroulement du discours, comme si on voulait absolument « rattrapper » le temps perdu. Pour le reste, il s’agit d’une œuvre plaisante, une belle découverte qui saura satisfaire les amoureux des cuivres.
Bien que CPO n’indique pas qu’il s’agisse de premières mondiales, on serait bien embêté de repérer de nos jours des versions concurrentes des œuvres présentées ici. Dans le cas du concerto pour violon, CPO s’est servi de copies manuscrites du compositeur non éditées qui se trouvent à la Bibliothèque nationale de Berlin. Même la série « The Romantic Violin Concerto » de la compagnie Hyperion ne l’a pas endisqué. Malgré quelques défaillances, on doit féliciter l’ensemble de cette production qui a eu l’audace de nous dévoiler de nouveaux bijoux cachés du vaste répertoire romantique grâce à des artistes pleinement engagés.
Guy Sauvé
Septembre 2009

dimanche 30 août 2009

Deux chef d'oeuvres de la première époque de Schoenberg

Voici une nouvelle parution de l'étiquette Dorian/Sono luminus: La nuit transfigurée et la symphonie de chambre numéro 1, joués par les chambristes du Smithsonian .

Il s'agit d'un cd et un dvd, où vous pourrez voir et entendre ces magnifiques artistes en action, mais aussi vous aurez droit à un très bon documentaire sur la genèse des deux pièces composées par Arnold Schoenberg , ainsi que des aspects moins connus de sa vie et surtout les influences que ce musicien révolutionnaire à reçu dans ses premières années de production musicale.


Le cas de Schoenberg est particulier dans l'évolution du post-romantisme, puisque il a eu le courage de franchir les barrières que d'autres compositeurs n'ont pas oser faire. Les deux oeuvres en question, marquent très bien cette évolution, la première, la nuit transfigurée (1899) est un sextuor à cordes (deux violons, deux altos et deux violoncelles) qui reflète cette première période où son discours était encore tonal, et son approche artistique dérivait de deux compositeurs que Schoenberg estimait beaucoup: Gustav Mahler et Johannes Brahms.

La grande originalité de l'oeuvre, qui appartient au domaine de la musique de chambre, tout comme les sextuors de Brahms, c'est qu'elle s'inspire d'un texte, conception jusqu'alors plus répandu dans le domaine symphonique, voir les poèmes symphoniques de Richard Strauss et même le Pelleas et Melissande de Schoenberg.

Dans la deuxième pièce du cd, la symphonie de chambre n°1 op9 de 1906, oeuvre charnière de Schoenberg, il essaye de pousser le système tonal jusqu'aux limites.

N'oublions pas que les influences wagnériennes à travers Mahler et Strauss, sont encore très présentes dans ses oeuvres.

La formation pour laquelle cette oeuvre est composée, est aussi révolutionnaire que son langage, en fait la symphonie fut écrite pour une orchestre de chambre où tous les membres sont des solistes.
Il faut vraiment souligner, l'excellente version de cette symphonie que les Smithsonian Chamber Players ont enregistré, d'ailleurs le disque au complet est d'une très grande beauté, et pourrait être tranquillement inclus parmis les indispensables du compositeur.


Bravo encore une fois pour Dorian et Sono Luminus.


DSL-90909

Philippe Adelfang.

Septembre2009

mardi 25 août 2009

Bruch suites de danses russes et suédoises

Le label CPO (Classic Produktion Osnabrück) compte parmi mes préférés parce que son comité éditorial se distingue par une audace qui devrait faire rougir bon nombre de ses compétiteurs, rendus trop frileux par leur obsession de profitabilité financière.
Quiconque veut sérieusement approfondir sa connaissance des répertoires baroque, classique et romantiques doit s’engager à explorer le catalogue de cette maison allemande créée il y a maintenant vingt ans.
L’album des mélodies de danses russes et suédoises orchestrées par Max Bruch (777285-2) est non seulement mon dernier coup de cœur mais aussi un très bon exemple des trésors que CPO réserve aux mélomanes.
On y retrouve 27 pièces splendidement interprétées et qui nous convainquent du talent d’orchestrateur de Bruch (1838-1920), talent tout à fait comparable au Brahms des danses hongroises et au Dvorak des danses slaves. Ces belles mélodies sont regroupées en trois suites pour orchestre et une autre pour orchestre à cordes. Alors que certains musicographes reprochent à Bruch d’être inégalement inspiré dans des œuvres de grande envergure, par exemple ses symphonies, ces quatre suites démontrent sa pleine maîtrise du medium. A mon avis, s’il y avait un disque par lequel un mélomane souhaite commencer à se familiariser avec l’œuvre de Bruch, c’est celui-ci que je leur recommanderais.
Répertoire inédit, interprétation très respectable, livret explicatif généreux, qualité d’enregistrement satisfaisante, voilà autant de raisons qui justifient mon intérêt soutenu pour les productions de ce label supérieur à d’autres qui encombrent les bacs et dont la médiocrité font déserter les amateurs de musique classique potentiels.
CPO777285-2
Guy Sauvé
Août 2009

dimanche 2 août 2009

"The difference between a violin and viola is that the viola is a violin with a college education" William Primrose.

Voici une nouveauté du label Ondine, il s'agit d'un disque du jeune altiste new yorkais David Aaron Carpenter avec l'orchestre Philharmonia dirigée par Christoph Eschenbach qui nous présente deux concertos pour alto et orchestre.

Le premier c'est le concerto pour violoncelle d'Elgar, transcrit pour la tessiture de l'alto par un autre grand altiste de la même époque: Lionel Tertis.

Le deuxième c'est le monumental concerto de Schnittke, écrit à l'intention cette fois ci du grand altiste Yuri Bashmet.

Bien que les deux oeuvres sont tout à fait différentes, composées dans des époques différentes, elles gardent quand même un lien subtil entre elles. Il s'agit d'oeuvres d'adieu, de fermeture, de salutation. D'une époque peut-être, d'un sentiment, d'un être humain, mais surtout d'un langage, d'une façon de dire les choses et d'une façon de voir le monde qui s'achève.

Le concerto d'Elgar a été écrit en 1919 à la mémoire d'une ère victorienne et édouardienne qui prenait fin, mais aussi au langage et l'expressivité du post-romantisme, qu'on sentait qu'il aller être démodé par les nouveaux courants musicaux. Il faudrait se rappeler simplement qu'à la même époque, Schoenberg écrivait les premières pièces dodécaphoniques et Stravinsky inaugurait avec Pulcinella sont style dit: néo-classique.

Le concerto de Schnittke fut terminé en 1985 en peut avant que le compositeur subisse un infarctus qui le laissa avec des graves séquelles physiques.

Évidement ce concerto marque aussi la fin d'une époque pour Shnittke, mais ce qui est très intéressant d'écouter c'est la façon dont le compositeur fait usage du matériel tonal pour séparer, structurer et modeler tout le langage du concerto.

Schnittke ce trouvait à ce moment là dans l'aboutissement de ses moyens de compositeur reflété par une grande maturité expressive. Pour comprendre cela, il faut simplement observer que le compositeur utilise une cadence, pierre angulaire de la musique tonale, comme matériel séparateur et contrastant qui va servir à créer des pôles où la tension de son langage atonal et expressif pourra être évacuer.

L'interprétation de Carpenter, sert à ressortir tous ces éléments et trouve dans Eschenbach un partenaire idéal dans un voyage un peu turbulent mais toujours humain et passionné.

Ondine ODE 1153-2

Biographies:

http://www.naxos.com/artistinfo/Edward_Elgar_26026/26026.htm

http://www.naxos.com/composerinfo/Alfred_Schnittke_21168/21168.htm

Si vous aimez la musique pour alto:

http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.557391

mardi 21 juillet 2009

Personne n'est une île

«Personne n'est une île» disait Josef Holbrooke au sujet des

compositeurs et de la musique anglaise du début du 20e siècle.

Avec ce disque, CPO nous fait découvrir un compositeur injustement inconnu jusqu'ici. On rentre dans l'univers du poème symphonique en majuscule!

Holbrooke appartient à cette classe d'artistes qui ont su relever le pari laissé par Elgar, Parry et Stanford, qui était celui de placer la musique anglaise à nouveau au premier rang dans le concert des nations.

Malheureusement en Europe, on faisait déjà autre type de musique, l'impressionnisme ne les a pas beaucoup influencé, et l'atonalisme de Schöenberg leur a été indiffèrent. Une fois, que tout la fièvre post-sériel a passé, on a commencé à les redécouvrir, à les enregistrer, bref à les jouer.

Ses mélodies et ses thèmes sont très ingénieux, l'orchestration impeccable, raffinée et parfois exubérante. Le post-romantisme bat à son plein!

On peut écouter tout ça dans son ouverture dramatique "Amontillado" de 1936, ainsi que dans le poème «The Viking» de 1899.

Avec «Three blind mice» on rentre dans un univers plus décontracté, un peut plus naïf mais toujours captivant. Il s'agit des variations pour orchestre sur un célèbre thème enfantin, oeuvre créée à Londres en 1900.

Le tout ce fini avec «Ulalume» poème de 1903 où Holbrooke nous montre sa facette plus mélancolique et sombre, en créant des atmosphères mystérieuses, tirées d'un récit éponyme d'Edgar Allan Poe.
Bravo! Pour l'orchestre de l'état de Brandebourg et son chef Howard Griffiths, qui nous mènent dans ce voyage pas facile mais où on peut découvrir des paysages jusqu'ici inexplorés.
CPO:777442-2

Biographies:





vendredi 26 juin 2009

Les quatuors de Villa-Lobos

Comme nouveauté pour Juillet 2009, dans sa série best off, avec un coffret de 6 cds plus 1 dvd, Dorian nous présente l'intégrale des quatuors à cordes du compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos réalisés il y a quelques années par le quatuor Latino-américain.


C'est sans doute l'opportunité d'appréhender en un seul coffret ce vaste opus qui comprend 17 quatuors, qui vont de 1915 jusqu'à 1957 c'est à dire deux ans seulement avant la mort du compositeur.

Il est aussi intéressant de constater que les disques ont été produits, on regroupant des quatuors de sa première époque avec ceux de sa maturité créative.
Il s'agit probablement d'une des meilleures versions qu'on puisse trouver de ces quatuors, la qualité des interprètes est majeure, et la qualité de l'enregistrement exceptionnelle.
Un de ces trésors que le mélomane averti aura du plaisir à découvrir et à réécouter mille et une fois.

Dorian DSL-90904
http://www.naxos.com/composerinfo/bio22382.htm


mardi 16 juin 2009

Le Piano d'Anne Vinnitskaya

Qui a sauvé la sonate pour piano d'une mort certaine?

Qui a pu permettre de donner quelques années de survie à ce genre musical?

Eh bien, les russes, sans aucun doute.


C'est leur école pianistique, qui a prit le flambeau de Chopin-Lizst à travers Scriabin, pour arriver à ces compositeurs pianistes, qui vont rayonner tout la première moitié du XX ème. siècle.


C'est ce qu'on écoute dans ce disque de la pianiste Anna Vinnitskaya, consacré à des oeuvres de Rachmaninov, Gubaidulina, Medtner et Prokofiev.


Un récital russe, pour ceux qui, comme moi, aiment ce répertoire.


Tout le bonheur de l'harmonie nostalgique de Rachmaninov, mettant en valeur une mélodie de caractère noble et raffinée, c'est ce qu'on trouve dans sa sonate N°2. Et Vinnitskaya, sait tirer profit de cela. Sa palette de couleurs et incroyable. Sa technique est impeccable, mais en plus elle a une école derrière elle où pouvoir trouver des réponses à des questions, qui tracasseraient n'importe quel pianiste. Depuis 2002 elle travaille avec Evgeni Koroliov, travail qui la mènera en 2007 à remporter le concours Reine Élizabeth de Bruxelles.


Quelle découverte la Chaconne de Gubaidulina, avec ses réminiscences bachiènnes, et un langage musical qui se rapproche d'un Schnittke, un vrai chef d'oeuvre!


Un Medtner sympathique, moins névrosé et plus délicat que son contemporain Rachmaninov, mais avec un discours russe plus engagé dans le folklore.


Et pour finir un festival Prokofiev avec sa 7 ème sonate, véritable monument, qui marque un aboutissement de toute une époque. Vinnitskaya nous amène au final frénétique de son troisième mouvement, dans l'ordre absolu, mais sans gâcher la tension croissante que cette sonate de guerre doit toujours garder.


Ambroisie AM177

samedi 13 juin 2009

Schumann complete symphonies

"Je suis tenté d'écraser mon piano, il devient trop étroit pour contenir mes idées" avait déclaré Schumann à son épouse Clara, après avoir fini la composition de sa première symphonie.
Est-ce qu'on pourrait faire aujourd'hui une symphonie en quatre jours? Je ne suis pas certain.
Si vous êtes de ces mélomanes, que les oeuvres symphoniques de Schumann ne vous tiennent pas à coeur, découvrez ce petit coffret de deux disques, avec l'Orquestre philharmonique de la radio allemande, sous la direction du polonais Stanislaw Skrowaczewski (aussi intégrale Beethoven Oehms 526 et Bruckner Oehms 207).

Avec cette oeuvre d'un romantisme exacerbé, le chef d'orchestre a su faire sortir les éléments classiques, qui vont modérer la fougue que Schumann mettait dans ses compositions.

Composées un peu après les symphonies de Mendelssohn, qui lui servent de modèle, celles de Schumann nous emmènent vers un univers plus proche de l'idéal romantique: la petite forme tripartite, plutôt que la forme sonate.

En fait, d'où prenaient comme modèle cette génération de compositeurs pour trouver leur voie d'expression, bien sur de la neuvième de Beethoven, mais à part cela, où se produisaient les vraies petites "révolutions" musicales: et bien nul part qu' à l'opéra. C'est grâce à l'opéra que la symphonie va recevoir son dernier coup d'élan pour nous amener chez Mahler, dont Schumann avait bien pris note de cela.

Et ce sont les chefs qui comprennent très bien ces liens parfois imperceptibles, qui nous donnent les versions les plus intéressantes de ces grands classiques du répertoire symphonique. L'intégrale proposée ici constitue assurément une piece maitresse de ce petit groupe de disques dont vous ne pourrez jamais vous débarrasser!

Oehms Classics oc741




jeudi 11 juin 2009

Beethoven Symphonies Nos. 2 & 6


Voici le troisième volet de l'intégrale que Philippe
Herreweghe à la tête du Royal Flemish Philarmonic, est en train d'enregistrer

Tout le savoir faire de Herreweghe maintenant au service de Beethoven et de la musique!
Que c'est agréable d'écouter des tempi plus fluides et une précision du phrasé époustouflante ainsi que des trompettes naturelles et des timbales baroques, qui se démarquent très bien dans la deuxième symphonie.Vous pourriez aussi vous réjouir, d'un jeux de cordes exceptionnel pour la sixième, conférant une allure plus pastorale à l'interprétation.

Peut-être que Herreweghe nous donne la clef pour comprendre le plus grand apport que Beethoven a fait dans le domaine symphonique: puiser des éléments formels d'un autre domaine de la musique comme l'opéra, et les incorporer à son univers symphonique.Et cela va être absolument clair avec sa neuvième.

Si jamais vous pensez remanier votre intégrale de symphonies de Beethoven, pourquoi pas avec celle ci. Il ne vous restera ensuite qu'à attendre une neuvième pour compléter le tout.


Pentatone classics:

ptc5186314 sym.2 et 6

ptc 5186313 sym.1 et 3

ptc 5186316 sym.5 et 8

dimanche 7 juin 2009

Celibidache: you don't do anything - you let it evolve

Est-ce qu'on pourrait transmettre aux jeunes, ce que la musique nous a enseigné tout au long d'une vie de création musicale?

C'est ce que nous propose ce documentaire de Jan Schimdt-Garre, en nous faisant découvrir le travail de Sergiu Celibidache le célèbre chef roumain.

Comment juger quel tempo est le plus indiqué pour tel passage, comment expliquer quelle intensité est la plus convenable pour telle phrase?

Et bien, la réponse est évidente: en écoutant.

Celibidache nous rappelle que c'est cette faculté, qui va nous servir à passer au travers des partitions, des heures de répétitions, et beaucoup de travail pour arriver à décoder à peine quelques minutes de musique.

Mais où on apprend tout ça, nulle part. Il n'y a pas de Master-class pour cela. Même Celibidache n'est pas tout à fait certain d'où trouver la réponse.

Donc? Que faire?

Écouter, écouter ce que la musique nous dit, deviner ce qu'elle est en train de nous suggérer. Ce sont les oeuvres qui nous l'enseignent, et plus on arrive à jouer, plus on sait. Mais attention, écouter la musique pourrait aussi nous faire découvrir tout ce qui nous reste à apprendre.

Une vrai poétique de l'art, qui dure un peut plus d'une heure et demi, mais qui se regarde et s'écoute en un clin d'oeil.

Athaus Musik 101365

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sergiu_Celibidache

Castelnuovo-Tedesco Music for Two Guitars vol.2

Pour Juillet 2009, Naxos nous propose comme disque du mois le deuxième volume de la musique pour deux guitares du compositeur italien Castelnuovo-Tedesco.

Quelle découverte rafraîchissante pour l'été qui s'annonce à Montréal, le duo de guitares du Brésil joue avec passion, ces 26 préludes et fugues, écrits à la manière de Bach, mais avec une vision plus proche de Rodrigo ou Palomo. Riche tradition espagnole, qui a été presentée au compositeur par le célèbre guitariste Andres Segovia et le compositeur Manuel de Falla, au festival international de Venise en 1932.

Belle musique intimiste, avec des trouvailles incroyables, les thèmes des préludes, en général, servent comme thèmes ou, comme matériel générateur de l'exposition de la fugue, bel héritage du Kantor de Weimar.

Bravo pour le duo de guitares du Brésil, ils nous offrent des versions très lumineuses, pour donner à une musique dite sérieuse, une à saveur plus populaire, qui s'inscrit dans l'héritage de la grande école de guitare espagnole.
Naxos 8.570779