«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

jeudi 29 décembre 2016

Rachmaninov Trios Élégiaques superbes versions!

Rachmaninov (1873-1943)
Trios élégiaques n°1 et n2
Lise de la Salle, piano
Bartlomiej Niziol, violon
Claudius Herrmann, violoncelle
Philharmonia Zürich:PHR0107
Enregistrement, janvier 2016

La collaboration entre Lise de la Salle et l'Orchestre Philharmonique de Zürich nous a donné un coffret de trois CD PHR0104 en 2015 avec les concertos pour piano de Rachmaninov et la la Rapsodie sur un thème de Paganini qu'on a beaucoup apprécié à l'époque. Voici que la pianiste française a enregistré avec le violoniste solo, Bartlomiej Niziol ainsi que le violoncelle solo Claudius Herrmann de ce même orchestre les trios Élégiaques du même compositeur. Le résultat est tout-à fait magnifique! La communion entre les artistes est profonde et incroyable. Non seulement dans le très connu trio n°1 en sol mineur, mais j'encourage l'écoute aussi du trio n°2 en ré mineur, plus développé, avec des proportions tout à fait symphoniques, simplement vous dire que la durée est de presque 50 minutes à lui seul. Version de référence pour ce chroniqueur.

Philippe Adelfang, décembre 2016

Richard Strauss Ein Heldenleben et Macbeth, la maîtrise du son!

Richard Strauss (1864-1949)
Ein Heldenleben op.40 (1897-98)
Macbeth op.23 (1897-98)
Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort (hr-Sinfonieorchester)
Andrés Orozco-Estrada, direction
Pentatone PTC5186582 : enregistrements août 2014 et décembre 2015.

L'Orchestre de la Radio de Francfort, c'est fait un chemin depuis 1929 comme un ensemble spécialisé dans le répertoire mahlérien et brucknérien. Ceci dit, les poèmes symphoniques de Strauss sont évidemment une autre partie fondamentale du répertoire normal de cet magnifique orchestre. Si l'on ajoute, la direction très sensible du chef d'orchestre colombien Orozco-Estrada, je dirais qu'on est en présence de superbes versions. Sa connaissance de ce répertoire exigeant, c'est fait grâce à ses études à l'Académie Musicale de Vienne auprès d'un disciple de Hans Swarowsky, Uros Lajovic.
Les poèmes symphoniques de Strauss, représentent le vrai tournant expressif du compositeur. Après des années d'écriture, disons plus scolaire, où il essaya de trouver sa voix, ce n'est qu'avec le poème symphonique qu'il va réussir à donner un sens original à son écriture, en permettant un épanouissement artistique jusqu'alors pas atteint. C'est ce que ses contemporains vont retenir et appeler la technique «Strauss ». L'incorporation du système de composition wagnérien et lisztien dans un contexte de fin de siècle, qui donnera les plus belles pages du répertoire symphonique post-romantique.
Si vous êtes à la recherche de nouvelles versions, modernes et superbement enregistrées, il ne faudra pas que vous passiez à côté de cet enregistrement.

Philippe Adelfang, décembre 2016

jeudi 22 décembre 2016

Josef Holbrooke poèmes symphoniques vol.2 la force de la précision!

Josef Holbrooke (1878-1958)
Poèmes symphoniques vol.2
Concerto pour violon et orchestre op.59
Orchestre de l'État de Brandebourg de Francfort
Direction Howard Griffiths
CPO:777636-2 enregistrements, janvier 2013 et février 2014

L'association de Griffiths avec l'orchestre brandebourgeois de Francfort, serait comme une voiture de technologie allemande avec un moteur Rolls-Royce. Souvent il y a des jumelages qui fonctionnent. C'est tout à fait le cas du travail du chef d'orchestre britannique avec l'orchestre allemande. En tout cas les enregistrements de la musique orchestrale de Josef Holbrooke sont les bienvenus pour l'auteur de cette chronique. Si vous êtes un mélomane à la recherche de musique superbement orchestrée, selon l'école allemande, Holbrooke remplira surement vos attentes. Pianiste et compositeur surtout de la première moitié du XX siècle, ses œuvres, comme dans bien d'autres cas, tombèrent dans un injuste oubli après sa mort. Maintenant que le XX siècle s'est déjà écoulé et que notre culture occidentale rentre dans une dialectique propre au XXI siècle, on pourrait dire sans regret que notre “système” culturel a fait tomber dans l'oubli une grande pléiade de compositeurs, un peu partout dans le monde, seulement parce que leur langage ne voulait pas rompre avec le système tonal et ne suivait pas non plus les techniques de composition d'après guerre.
C'est alors que les enregistrements jouent un rôle de récupération culturelle, indispensable si l'on veut sauvegarder notre culture musicale.
Ce deuxième volume, comme le premier, est superbement interprété par un orchestre qui, bien que le compositeur soit britannique, connaît absolument le type de langage que Holbrooke utilise. Dirigés magistralement par Howard Griffiths, ce volume constitue une nouvelle réussite.

Philippe Adelfang, décembre 2016.

vendredi 16 décembre 2016

Sibelius symphonies 3,6 et 7 Orchestre de Minnesota, Osmo Vänskä l'équilibre de la résonance.

Jean Sibelius (1865-1957)
Symphonies 3, 6 et 7
Orchestre du Minnesota ; Osmo Vänskä, direction
BIS-2006 SACD : enregistrements mai et juin 2015

Voici le dernier enregistrement de la Minnesota Orchestra sous la direction de son chef d'orchestre régulier Osmo Vänskä,  pour compléter l'intégrale des symphonies de Sibelius, les autres seraient le BIS-1986 (en nomination pour le GRAMMY award en 2012) et le BIS-1996 (GRAMMY award 2014) déjà parus. Et dans ce volume les troisième, sixième et septième symphonies du génial compositeur finnois. Superbe production, magistralement enregistrée par l'équipe technique de BIS, nous permet de saisir, à nouveau, toute la dimension de cette formidable orchestre. Si vous êtes à la recherche d'une intégrale moderne avec une prise de son remarquable, je vous conseille sans aucun doute celle-ci. L'équilibre des plans sonores se fait sans détriment et de perte dans aucune des régions sensibles du point de vue des fréquences. Et si, en plus, on ajoute une qualité artistique incroyable des musiciens de la Minnesota, le résultat est parmi les plus satisfaisants des dernières années. Le tandem Vänskä-Minnesota est une machine, disons bien huilée, et on l'aperçoit à l'écoute des détails de cette musique, toujours complexe, exigeant le maximum d’effort à tout orchestre qui veut la jouer.
Un plaisir pour ce chroniqueur, et j'en suis sur pour le mélomane averti.

Philippe Adelfang, décembre 2016

lundi 12 décembre 2016

Symphonies 4,5 et 6 de Tchaikovsky l'équilibre de l'énergie.

Pyotr Ilyich Tchaikovsky (1840-1893)
Symphonies 4, 5 et 6
Artic Philharmonic, Christian Lindberg, direction
BIS-2178 (2SACD) enregistrements février 2012, avril 2015 et février 2016

Les trois dernières symphonies de Tchaïkovsky représentent, peut-être, ce que le compositeur nous a donné de mieux dans le plan symphonique et artistique. Par la profondeur de son message, Tchaikovsky sort, si l'on peu dire ainsi, de la voie tracé par Beethoven et continué par Schumann, pour rentrer dans un monde plus personnel, disons plus névrosé. D'une certaine façon et évidemment sans le savoir, ses dernières symphonies sont une préparation à celles de Mahler qui prendront la relève, mais déjà dans un monde post-romantique. Si ses trois premières symphonies sont un peu plus exploratoires, les trois dernières sont un espèce d'aveu testamentaire, intérieur et alors plus métaphysique. Tchaikovsky comble l'idéal de tout artiste romantique, vaincre le destin par la création. Soumettre la raison par le langage où l'idée est plus importante que la forme. Et le résultat est incroyablement parfait. Si on compare ses dernières symphonies avec celles de ces contemporains, russes ou étrangers, on doit dire que Tchaikovsky les a surpassé en intensité et surtout en qualité mélodique.
Le très jeune orchestre norvégien Artic Philharmonique, nous donne une version magnifique et époustouflante de ces trois monuments sonores. La vision de son chef Christian Lindberg, pourrait paraître à première vue désengagée et plutôt cérébrale. Mais après avoir aperçu le souci que le chef d'orchestre a eu pour les détails, on n'a qu'a féliciter les artistes pour nous donner des versions énergiques et très bien interprétées de ces chefs-d'œuvres absolus.

Philippe Adelfang, décembre 2016.

jeudi 8 décembre 2016

La musique originale de Laurel & Hardy écrite par Leroy Shield

La musique originale de Laurel & Hardy écrite par Leroy Shield
Alessandro Simonetto, piano
Aevea: AE16024, enregistrements avril, mai et août 2016

Leroy Shield (1893- a été le compositeur de toute la musique incidentale de Laurel & Hardy. Comme cette musique n'avait en général aucun titre, et qu'elle n'a jamais été commercialisée, ni enregistrée, ni même publiée dans aucune partition, la trace de ce génial artiste comme compositeur de cette série mythique de films d'humour, resta dans un oubli injuste.
C'est là que rentre la vision et l'originalité d'esprit d'un artiste contemporain, comme le pianiste italien Alessandro Simonetto, imaginons un peu la tache de compilation, déchiffrage et catalogue qu'il a du faire. Titanesque. Il a du même créer ses propres arrangements des manuscrits trouvés.
Le résultat est magnifique. La musique a toujours été le support et complément de l'image. On n'a qu'a écouter cet enregistrement, pour rentrer dans l'univers de ces deux magnifiques acteurs, et pourquoi pas, de verser une petite larme au temps passé, révolu, candide, simple mais beaucoup plus honnête que maintenant.


Philippe Adelfang, décembre 2016.

samedi 3 décembre 2016

Prokofiev Roméo et Juliette-Petrenko magnétisme et efficacité

Sergei Prokofiev, Roméo et Juliette op.64
Orchestre Philharmonique d'Oslo
Vasily Petrenko, direction
LAWO : LWC1105, enregistrement novembre 2015.
Pour traduire le magnétisme et l'efficacité du travail du chef d'orchestre Vasily Petrenko, on pourrait simplement dire que l'Orchestre Philharmonique d'Oslo l'a invité en 2013 a être sont quinzième directeur principal après le voir au travail une semaine seulement, comme chef invité  en 2009 !
Et on le sent dans cet enregistrement. C'est une symbiose totale entre le chef et son orchestre. La recherche d'un son agréable et mélodieux fait qu'on a eu une attention extrême dans les moindres détails d'une partition plus complexe que l'on croit, où  on pourrait tomber facilement dans un pastiche. Mais pour l'auteur de cette chronique la version de cet enregistrement restera parmi les références par son élégance, un son pur et cristallin, ainsi qu'une dynamique équilibrée. On dirait que les musiciens ont donné le meilleur de soi-même guidés par une main de maître, qui non seulement connait la partition dans ses moindres détails, mais le plus important c'est un chef qui a une vision du chef d'œuvre. Il ne faut pas oublier que Petrenko a aussi étudié, entre autres maîtres, avec Mariss Jansons qui fut le chef d'orchestre qui a donné à cet orchestre une réputation mondiale.

Comme un inconditionnel adhérent de la musique de Prokofiev, et en considérant que Roméo et Juliette est un de ses chefs-d'œuvres les plus accomplis, j'encourage les mélomanes de se procurer cette version qui saura combler les exigences dans tous les niveaux, tant dans la technique, comme dans le résultat artistique qui est majeur.

Philippe Adelfang, décembre 2016.

lundi 28 novembre 2016

Quatuors à cordes de Peteris Vasks, l'artisan du son.

Peteris Vasks
Quatuors à cordes n°1, 3 et 4
Quatuor Spikeru
Wergo : WER7330, enregistrements mai et juillet 2014
Peteris Vasks, est un artisan du son. Sa préoccupation serait que sa musique puisse être écoutée dans des endroits où l'on n'est pas forcement heureux, comme des prisons, des hôpitaux ou encore d'autres endroits moins extrêmes comme des stations d'autobus ou des gares de trains. Belle idée, un beau projet pour aider la musique classique à ne pas perdre sa bataille contre la culture du divertissement.
Né dans l'ouest de la Lettonie, Vasks va passer une bonne partie de sa vie sous l'occupation soviétique. Subissant des contraintes à des niveau inimaginables pour nous, comme la russification de leur culture et la perte du langage Letton, Vasks s'est forgé un chemin singulier en étudiant la musique à Vilnius dans la Lituanie voisine. Ce n'est qu'avec la nouvelle indépendance de 1991, que le climat social, politique et culturel va permettre au compositeur de développer un style plus personnel et accorde à sa tradition qu'individu.

Les quatuors ici présentés correspondent à ces deux périodes, le n°1 écrit en 1977 mais révisé en 1997, le n°3 écrit en 1995 et surtout le n°4 composé en 1999 dédié au 90ème anniversaire de sa mère, reflètent le style particulier et personnel de cette transformation. Les grandes lignes mélodiques, se succèdent dans chaque mouvement, comme si la préoccupation première de Vasks soit de ne jamais oublier qu'on est ici, dans ce monde, tout d'abord, pour chanter.
Le haut niveau artistique et instrumental du Quatuor Spikeru, nous permet d'apprécier cette musique dans toute sa dimension. Un plaisir pour un esprit curieux.

Philippe Adelfang, novembre 2016.

dimanche 20 novembre 2016

Œuvres pour quatuor de guitares, Aquarelle Guitar Quartet.

Aspects
Œuvres pour quatuor de guitares
Quatuor de guitares Aquarelle
Chandos Records : CHAN 10928
Enregistrements, mai et juin 2016

C'est toujours un plaisir pouvoir écrire sur le quatuor Aquarelle, et ses arrangements de pièces pour quatuor de guitares. Dans ce nouvel album, des belles surprises comme une pièce d'un des guitaristes du Los Angeles Guitar Quartet : Quiccan, où l'on voit toute la connaissance des techniques que cette formation impose.
Le brio classique de la formation ce montre dans l'arrangement de la célèbre ouverture L'Italienne en Algérie, qui fait toujours sourire de voir que notre Rossini est plus actuel qu'on ne le suppose. Des fois un changement de timbre, fait l'affaire.
Belles interprétations aussi des Danses argentines op.2 de Ginastera, suivi d'un Cumba-Quin de Carlos Rafael Rivera époustouflant.
On finit avec une séries de pièces américaines, qui sont l'unes plus belles que les autres.
Une saveur de jazz dans Stairs de David Pritchard, le kaléidoscope coloré d'Opals de Phillip Houghton, le bluegrass des Punch Brothers, et la révélation sentimentale d'Elegy œuvre de John Brunning écrite pour la formation à la demande d'un des musiciens : Vassilis Bessas.
Belle nouveauté de Chandos, toujours superbement enregistrée. Un plaisir pour les amateurs de la bonne musique.

Philippe Adelfang, novembre 2016.

mercredi 16 novembre 2016

Sebastián Durón le baroque espagnol à son meilleur!

Sebastián Durón (1660-1716)
Musique pour deux dynasties
La Grande Chapelle, Albert Recasens, direction
Lauda Musica : LAU016
Enregistrement à Toledo en avril 2015

Si vous ne connaissez pas ce génial compositeur espagnol Sebastián Durón, voici une très belle nouveauté pour découvrir ses œuvres religieuses dont plusieurs opus ont été enregistrés pour la première fois.
Durón fut un cas unique dans le Baroque espagnol, d'organiste de la cathédrale de Palencia il a été promu à la Chapelle Royale, et devint le compositeur favori de la cour espagnole.
Le présent enregistrement nous présente une série de Villancicos dédiée pour la plupart au Saint Sacrement surement de sa première étape, mais qui nous donne une idée du talent créateur du génial compositeur. Les versions de La Grande Chapelle, sont absolument magnifiques. D'une élégance et musicalité tout à fait naturelle, elles rendent justice à ces œuvres inspirées et superbement écrites.
La production est très réussie, c’est une nouveauté majeure pour ceux qui s'intéresse à la musique espagnole, en particulier la période baroque.

Philippe Adelfang, novembre 2016.

vendredi 11 novembre 2016

Orchestre Philharmonique de Copenhague le message avant tout.

L.V.Beethoven (1770-1827)
Symphonies 5,6,7 et 8
Orchestre Philharmonique de Copenhague
LanShui, direction.
Orchid Classics ORC100059, enregistrements 2011,2012 et 2013

Les symphonies de Beethoven présentées dans ce disque double, représentent un enchainement et une évolution dans la pensée du maitre de Bonn. Si, bien évidement sa troisième symphonie représentait un sommet de ses premières œuvres, les autres qui suivirent, ont surement fait la sensation d'un voyage ver l'inconnu. L'introduction des trombones pour souligner un caractère grandiose dans la cinquième, le récit descriptif de la sixième, la dynamique rythmique de la septième, la génial construction thématique de la huitième, n'ont fait que placer la barre dans des sommets jusqu'à là tout à fait inconnus. D'un point de vue psychologique, on pourrait dire que le compositeur prend le relais de l'interprète. Ce qui est dit est plus important de comment on l'exprime. Le message est placé avant tout, et ce message c'est la voix du compositeur.
Très belles versions sont celles présentées par l'Orchestre Philharmonique de Copenhague, le brio employé, les temps vifs et plus nerveux s'adaptent très bien à une façon plus moderne de jouer ces œuvres. Je partage cette vision. Très belle réussite.


Philippe Adelfang, octobre 2016.

mardi 1 novembre 2016

Vivaldi: Les quatre saisons. Ars Antiqua Austria. La répétition comme une construction du discours musical

Antonio Vivaldi : Les quatre saisons
Frantisek Jiranek : Concerto pour violon en ré mineur
Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor direction.
Challenge: CC72700 enregistrements avril 2016
«Répétition c'est ma marque de commerce, quand je joue de la musique je n'ai pas du plaisir à répéter des choses très fréquemment». Quel aveu esthétique incroyable de Gunar Letzbor, le violon soliste et directeur de l'ensemble baroque Ars Antiqua Austria. À mon humble avis, voilà la clef de leur succès. La présente version des Quatres Saisons de Vivaldi, est sans doute une version d' anthologie. Une de mes préférées, à côté de Biondi et compagnie. Trouver du différent là où on dirait qu'il n'y aurait pas, utiliser la répétition comme un véhicule de construction, et non pas seulement comme une nécessité du temps. Des trouvailles qui font de cette version une référence. SACD absolument recommandable, si vous êtes en quête d'un enregistrement formidable avec une prise de son magnifique, c'est l'album à ne pas manquer. merci aux artistes et merci à Challenge Records pour cette production!

Philippe Adelfang, novembre 2016. 

vendredi 14 octobre 2016

Enregistrement essentiel, majeur et que tout mélomane devrait écouter.

Albert Roussel (1869-1937)
Bacchus et Ariane op.43 suites n°1 et n°2 (1930)
Claude Debussy (1862-1918)
Six épigraphes antiques (1914) (orch.Ansermet 1930)
Francis Poulenc (1899-1963)
Les Biches-suite (1939-1940)
Orchestre de la Suisse Romande
Kazuki Yamada, direction.
Pentatone : PTC5186558 enregistrement octobre 2015

Ce nouvel enregistrement de l'Orchestre de la Suisse Romande sous la baguette du génial Yamada, offre la possibilité de comprendre un aspect que la musique du XX siècle a tenu toujours à cœur. Le rythme est à la musique, ce que l'oxygène est aux corps vivants. Un combustible. Le compositeur moderne à toujours compris, que l'articulation rythmique dans les phrases musicales, c'est quelque chose d'essentiel dans le discours. C'est ce que Yamada comprend aussi. Et c'est ce qui fait que les œuvres sous sa baguette magique, prennent une dimension existentielle.
Dire que les œuvres d'Albert Roussel sont un peu négligées dans la programmation et l'enregistrement des orchestres d'aujourd'hui, c'est une vérité qui devrait changer au fur et à mesure que sa musique est comprise comme un contraste intelligent au discours, disons impressionniste du début du XX siècle dans la scène française. Bien que du point du vue sonore le discours de Roussel et Debussy est, apparemment, semblable, la différence est radicale. Roussel ne construit pas son discours comme Debussy. Pour Roussel la variation et l'évolution des cellules thématiques sont plus essentielles qu'une construction en mosaïque. Ceci c'est déjà toute une différence esthétique entre les deux compositeurs.
La version ici enregistrée de son génial ballet Bacchus et Ariane, en format de suite symphonique de concert, est magistrale. Toutes les nuances de cette musique émouvante sont interprétées de façon à faire ressortir la qualité d'un discours noble et sincère.
Les Six épigraphes antiques de Debussy orchestrés par le génial chef d'orchestre Ernest Ansermet, nous montrent aussi un sommet sonore dont cette orchestre est capable d'atteindre. En imprimant une palette plus ou moins  nuancée, Yamada ressort les couleurs en demie-teinte, que cette partition possède.
Et la fin avec Les Biches de Poulenc, c'est pour moi une espèce de synthèse. Comme il est le plus jeune des trois compositeurs présentés dans cet enregistrement, c'est tout à fait naturel qui vienne à la fin, comme une forme de récapitulation de ce début génial du XX siècle, au moins jusqu'avant la deuxième guerre mondiale.
Enregistrement essentiel, majeur et que tout mélomane devrait écouter.

Philippe Adelfang, octobre 2016.

vendredi 7 octobre 2016

Vincent d'Indy Royal Scottish National Orchestra, émotivité à couper le souffle

Vincent d'Indy (1851-1931)
Symphonie n°2- Souvenirs – Istar – Fervaal
Royal Scottish National Orchestra
Jean-Luc Tingaud
Naxos 8573522, enregistrement juillet 2015.

Wagnérien convaincu, D'Indy joua un rôle clef dans le tournant du XIX siècle au XX en France. Il a permit, avec ses œuvres symphoniques, de placer le milieu musical français d'un pied égal avec la concurrence allemande. D'Indy a été aussi un grand pédagogue, simplement on n'a qu'à repasser la liste des noms de ses élèves, pour réaliser à quel point il a influencé et préparé toute une génération de musiciens : Satie, Roussel, Milhaud et même Cole Porter entre autres.
La Symphonie n°2 en si bémol majeur, est un modèle esthétique de la façon d'écrire de D'Indy. Composé en 1902/03 dédié à Paul Dukas, l'écriture de cette symphonie nous montre le processus de composition par cellules thématiques qui se développent dans les quatres mouvements. Il ne faut pas oublier que D'Indy suivait le système de composition de César Franck où l'oeuvre musicale devrait puiser ses idées à partir d'une seule cellule si possible. Ceci donne effectivement un caractère uniforme avec beaucoup de cohésion dans les divers mouvements.
Des autres pièces qui complètent cet enregistrement, je retiens votre attention à Istar op.42 dédié à la Société des Concerts Ysaÿe, où la palette orchestrale de d'Indy serait à son meilleur, pour colorer des variations symphoniques, d'une ingéniosité sans précédent encore dans la musique d'aujourd'hui. Disons simplement que le thème des variations sera présenté à la fin, coup de génie qui a surpris grandement à l'époque.
L'Orchestre écossaise, et magistralement dirigé par Jean-Luc Tingaud, qui arrive à ressortir une  palette de couleurs époustouflante, en gardant une émotivité à couper le souffle.

Philippe Adelfang, octobre 2016.

vendredi 30 septembre 2016

Bach par Ghielmi, ou la passion de la joie.

Bach par Ghielmi, ou la passion de la joie.
Passacaille: PAS 1019
L' association de Lorenzo Ghielmi avec le label Passacaille, produit des miracles musicaux qu'il faut les mentionner et soutenir. Le mien est un parti pris d'avance. Je ne suis pas objectif. Cette nouvelle réalisation de l'ensemble La Divina Armonia, est absolument superbe. Ghielmi nous souligne que Bach était avant tout un compositeur joyeux, gai et vital. Il puise dans une dynamique de mouvement tranquille, l'énergie qu'il a besoin pour soutenir le discours baroque. Ce discours serait, toujours en fonction d'un équilibre esthétique, une voie expressive proche d'une sérénité quasi existentielle. Tout est en ordre dans un cadre où la mélodie et le contrepoint sont eux aussi les serviteurs d'un discours équilibré. L'émotion reste au service du langage. Ce langage serait au service d'une idée. Et c'est cette idée qui véhicule l'intention artistique de l'œuvre.
Merci La Divina Armonia, merci Lorenzo Ghielmi et merci à la musique magnifique de J. S. Bach.

Philippe Adelfang, septembre 2016.


lundi 26 septembre 2016

Serpent et feu, airs pour Didon et Cléopatre Anna Prohaska, soprano Il Giardino Armonico

Serpent et feu
Airs pour Didon et Cléopatre
Anna Prohaska, soprano
Il Giardino Armonico, Giovanni Antonini, direction.
ALPHA 250 enregistrement décembre 2015

Enregistrement merveilleux, disons un petit miracle de ces derniers temps, celui de la soprano Anna Prohaska, avec le Giardino Armonico. L'album a été créé autour d'airs et de musique sur les thèmes de deux reines africaines : Didon et Cléopatre. Les artistes ont puisé dans des partitions de compositeurs connus par les mélomanes, comme Purcell, Handel et Cavalli, mais j'en suis sur qu'ils seront surpris par des retrouvailles intéressantes comme  La Tempête de Matthew Locke (1622-1677), ou La Cleopatra de Daniele Da Castrovillari (1613-1678).
Enregistrement thématique, qui devient essentiel pour découvrir une voix expressive, pleine de sensibilité, et d'un très haut niveau artistique et musical.
L'accompagnement brillant et intelligent d'Il Giardino Armonico, se transforme dans le partenaire idéal de cette réussite discographique.
Bravo aux artistes et à la maison Alpha Classics, pour une autre référence dans une discothèque idéale. Disque à garder, pour le savourer en tout temps.


Philippe Adelfang, septembre 2016.